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Une autre légende Sherbie-Herbie (note 1) :Le canon au Howardine Park

Dernière mise à jour : 18 déc. 2022

Parfois, la frontière entre la réalité et la fiction est assez floue au point qu’il est impossible de dire où s'arrête la vérité et où commence l’invention. Surtout quand il s'agit de la longue histoire de notre régiment. Je vous soumets donc ce qui suit pour votre propre évaluation sachant qu’il nous provient de bouche à oreille.


Au milieu de la nuit, il y a plusieurs décennies dans un Mess, quelque part entre 1940 et 1960, des membres se servaient quelques «brewskies» (note 2), lorsque l'un d’eux a proposé un argument parfaitement raisonnable selon lequel les canons positionnés au Howardine Park (aujourd’hui le Parc du Domaine-Howard) devraient être conservés et sécurisés dans notre propre voûte d'armes. Ils seront ainsi moins vulnérables à la capture par une force ennemie et cela empêcherait leur utilisation à mauvais escient. Un bavardage synergique s’en est suivi et un plan a rapidement été élaboré. Des chaînes, des haches, des pelles et d'autres outils nécessaires ont été directement placés dans un véhicule deux tonnes et demi (note 3), puis la petite équipe d'assaut franchit les portes nacrées en destination du parc sous la furtivité des ténèbres.


Il y avait du vent et de la pluie, mais pas assez pour persuader l'équipe d'abandonner sa mission. La manœuvre des véhicules en place a laissé de lourdes cicatrices sur les pelouses bien entretenues. Un petit prix à payer pour assurer la sécurité de la communauté.


Dérapant et glissant sur le sol, les chaînes ont finalement été enroulées autour de la base du premier des canons et attachées à l'une des bêtes de somme en attente. Tirant, tournant, secouant… tout cela en vain. Les pelles et la main-d'œuvre sont devenues le remède à la situation. Ils ont creusé et creusé… pendant ce qui semble être des heures et toujours aucune vue de l'endroit où se termine la base en béton du canon.


L'enthousiasme a rapidement cédé à la réalité humide. Avec de profondes ornières laissées par les multiples tentatives d'extraction, les corps épuisés, complètement trempés et vacillants au bord de la sobriété, ils stagnaient dans la quantité incroyable de boue et de saleté qui était partout. Au moment charnière de la défaite, le groupe s'est resserré pour évaluer leur situation. Alors que la majorité était favorable à un retrait immédiat et à la perspective bienvenue d'un retour au Mess, quelque chose de tout à fait inattendu s'est produit. De l'autre côté du cercle noir est venue une voix qui a provoqué un silence assommant sur le groupe.


Photo : Cplc Denis

«Vous savez» dit une voix non identifiée... «Peut- être que nous ne devons pas réellement prendre le canon.» Une autre courte pause résonna dans le silence. «Le dissimuler ne serait-il pas aussi bon?» Wowser (note 4) !!! Quelle compréhension profonde. L'équipe était à nouveau sous tension. Travaillant avec la précision et la vitesse des champions de la Coupe Stanley, le groupe a rapidement creusé un trou massif à côté du canon et empilé tous les débris au-dessus et autour de celui-ci…Voilà, ça y était. Mission accomplie! Retiré au Mess, le groupe a célébré sa maîtrise de l'illusion en séchant son extérieur et en mouillant son intérieur.



Il semblerait qu’à la une du lendemain matin, on pouvait lire: «Canon volé à Howardine Park - Enquête en cours.» Un vol d'une telle importance a rallié toutes les forces de l'ordre; aussi bien civiles que militaires. Une arme majeure était entre les mains de «Dieu seul savait qui et dans quel but diabolique! ». L'affaire a été portée au niveau prioritaire. La chance n'était pas de leur côté, car la pluie avait emporté toutes les preuves médico-légales sur les lieux. La pluie et les vents avaient également camouflé les bruits des véhicules qui auraient pu attirer des témoins potentiels. Craignant le danger clair et présent de leurs arrestations, les membres du régiment ont tous fait un serment de sang de silence absolu et à perpétuité.


Une semaine entière s'est écoulée; aucun indice, ni piste, ni suspect. Dans une frustration et une défaite incontestée, les autorités juridictionnelles n'avaient d'autre choix que de se retirer du lieu du crime. Alors que les barricades étaient démontées et que le groupe se dispersait, un petit Bobcat (note 5) a été amené pour pousser la saleté dans le trou. Avec une distance de démarrage d’environ 15 pieds, il a accéléré en visant le gros tas de terre. C'est parti pour la tâche; puis, avec un formidable écho, il s'est arrêté net sur ses traces. «CLUNK». Tout le monde se tourna vers le son étrange et s’approcha pour enquêter.


Photo : Cplc Denis

Donner des coups de pied et griffer la terre a révélé une découverte des plus inattendues. Le croiriez-vous si on vous disait qu’il y avait un vrai canon sous ce tas de saleté? Après plusieurs heures de travail manuel, le canon a été remis en état. Un peu plus sale peut-être, mais entièrement intact et avec une histoire à ajouter. Si seulement ce canon pouvait parler... Oh, quels contes il pourrait raconter!


Peu amusées, les autorités ont subi un embarras important pour l'affaire et n'ont pas tardé à mettre cela derrière eux. Quant aux gars, ils ne se sont jamais vanté de l'événement et, à ma connaissance, ils sont restés fidèles à leur serment de silence fait cette nuit-là. Serait-il possible de déceler un sourire narquois ou un scintillement dans l’oeil d’anciens en mentionnant les canons dans une conversation? Quelqu’un aurait des détails supplémentaires sur cette anecdote lointaine ou cette légende? Il va s’en dire que les moeurs ont bien changés.


1. Les membres du Sher H à cette époque se faisaient appeler Sherbie-Herbie sans connotation péjorative.

Surnoms des régiments des Forces canadiennes: https://military.wikia.org/wiki/Regimental_nicknames_of_the_Canadian_Forces#endnote_4

2. Brewskies : surnom donné entre les membres qui provient de «brew» signifiant bière, puis au pluriel.

3. Deux tonnes et demi : véhicule militaire pour le transport de troupes régulièrement appelé par sa capacité de charge.

4. Wowser : est un terme australien qui fait référence à une personne qui chercher à priver les autres de comportements jugés immoraux ou coupables.

5. Bob Cat : petit tracteur multifonctionnel.

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